Coup de foudre au boulot : quelles conséquences ?

Quand l’amour frappe à la porte de votre bureau

Vous vous souvenez de Daniel Cleaver ? Mais si, c’était le boss et l’amant de Bridget Jones dans le premier volet de la saga. Certes, il était séduisant. Mais c’était aussi un sacré gougeât. C’est d’ailleurs à cause de lui que notre héroïne décide finalement de démissionner (dans une scène mémorable) ne supportant plus l’idée de travailler pour l’homme qui l’a trompée : « Si travailler veut dire être à quelques pas de toi, je préfère essuyer les fesses de Saddam Hussein ! ».

Même si l'on salue ce départ grandiose, à l’approche de la Saint-Valentin, on s’est tout de même posé la question : l’amour au travail mène-t-il systématiquement vers la sortie ? Au Luxembourg, est-ce un motif légitime de sanction, voire de licenciement ?

Entre théorie... et pratique

Selon la Constitution luxembourgeoise et selon la loi, vous avez le droit au respect de votre vie privée. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Que ce que vous faites dans votre vie privée, c’est votre affaire et ça ne regarde personne. Et si quelqu’un décide de dévoiler des informations concernant votre vie personnelle sur la place publique, il est susceptible d’être puni. D’ailleurs, si vous fréquentez Michel(le) de la compta en dehors du bureau, vous n’êtes en principe pas obligé d’en référer à votre patron ou à vos collègues. Techniquement, votre employeur ne peut donc pas vous interdire d’entretenir une relation amoureuse avec un ou une collègue.

Mais ça, c’est la théorie. Dans les faits, ça n’est pas toujours aussi limpide. Et ce n’est pas Bridget qui dira le contraire ! Si votre romance, connue de votre employeur, impacte négativement l’entreprise, entraîne un conflit d’intérêts, du favoritisme, ou un autre type de dérive, ce dernier pourrait réagir.

Quelle marge de manœuvre pour votre patron ?

Or, en la matière, un écart est vite arrivé. Le simple fait que Michel(le), à cause d’un Gin Tonic de trop, en vient à vous révéler des informations confidentielles, vous expose l’un et l’autre à des sanctions. En amour, le secret de la longévité d’un couple n’est-il pas de ne rien cacher à son partenaire, de pouvoir tout lui confier sur l’oreiller ? Au boulot, les règles sont claires et une langue trop pendue peut vite vous nuire. Au mieux, votre patron pourrait exiger que l’un de vous change de service ou de département. Mais cela pourrait être bien pire.

Si la relation sentimentale est connue des collègues, les suspicions de favoritisme ou de conflit d’intérêt ne manqueront pas de se manifester au grand jour. C’est juste une question de temps. Si Michel(le) est en réalité votre supérieur(e) hiérarchique et que l’on se rend compte que vous percevez régulièrement des primes, alors que ce n’est pas forcément le cas de vos collègues, il risque d’y avoir du grabuge. Certes, quelqu’un pourrait cracher dans votre café dès que vous avez le dos tourné. Mais surtout, votre employeur a un motif légitime pour intervenir (contre Michel(le) en l’occurrence), car c’est un cas de discrimination envers les autres salariés.

Il est aussi préférable d’éviter les escapades amoureuses donnant lieu à des absences répétées et injustifiées au travail. On évitera donc de s’éclipser à deux (on ne sait où) pendant les heures de travail. Cela pourrait donner à votre boss une bonne raison de vous licencier pour faute grave ! 

Vous l'aurez compris, la relation amoureuse en soi n’est pas un motif de licenciement. Mais les situations problématiques qui peuvent en découler dans le cadre du travail ou vis-à-vis de vos responsabilités peuvent jouer en votre défaveur.

Optez pour l’amour au grand jour

Suffit-il de la jouer finement et de se faire le plus discret possible ? Cette attitude n’est pas sans risque, petits polissons ! Vos cachotteries finiront certainement par être dévoilées au grand jour.

Alors, si vous sentez que cette histoire avec Michel(le), c’est du solide, on vous conseille d’être transparent avec votre entourage professionnel. Une relation secrète sur le long terme risquerait de vous apporter des ennuis. Sans oublier le stress que cela peut occasionner à force de vous cacher sans arrêt, de faire attention à tous vos gestes... Avec le temps, cela deviendra invivable. Et puis, un vendredi soir ou l’autre, le DRH de la boite, qui aura choisi le même restaurant que vous, s'étouffera avec son brocoli en vous voyant vous et Michel(le), en tête à tête à la table du fond, en train de vous bécoter.